VISION #52 — Charles Thiefaine

 
 

Charles Thiefaine est un photographe que j'ai découvert récemment grâce à son livre auto-édité, Tahrir — un travail sur un moment-clé de l’histoire irakienne, l’occupation de la place Tahrir à Bagdad par les manifestants, pendant de longs mois. Dans ce projet et d’autres encore, il y a quelque chose qui me frappe : Charles photographie principalement des lieux et des pays « sous tension », que l’on retrouve souvent à la une des journaux télévisés ou en couverture de quotidiens français, mais il ne va pas chercher clairement les images qui choquent ou qui font vendre.

Pour Tahrir, par exemple, Charles Thiefaine ne s’intéresse pas frontalement à la violence, pourtant bien présente, mais plutôt aux postures physiques ambivalentes qu’adoptent les jeunes Irakiens face à celle-ci. Nous avions déjà évoqué le sujet avec Émeric Lhuisset, il y a quelque temps : nous assistons aujourd’hui à une obsolescence de la photographie de guerre « traditionnelle » et des photographes comme Charles, au regard documentaire et plasticien, participent à ce renouveau. Le rendez-vous est donné chez moi, à Paris. Le jeune photographe prend son temps pour appuyer son propos. Un podcast court mais néanmoins très intéressant. Bonne écoute.

 
 
Photo : Charles Thiefaine, Socotra, Yémen, décembre 2022, première image décrite
 
 

Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.

 
 
 
 
 
Photos : Charles Thiefaine, Tahrir, 2019
 
 

Originaire du nord de la France, Charles Thiefaine entame des études d’architecture à l’Université Catholique de Louvain en Belgique, avant de se réorienter en 2013 vers une école de journalisme. Couvrant l’actualité, il s’intéresse rapidement au médium photographique mais l’utilise principalement pour illustrer ses différents textes. En 2015, il débute une série photographique abordant l’impact de la guerre et des dissensions politiques sur le quotidien des habitants du nord de l’Irak.

 
 
Photo : Charles Thiefaine, Tahrir, 2019, image décrite dans le podcast
 
 

Il se pose assez rapidement certaines questions qui forgeront ensuite son début de carrière et ses différents projets. Le photographe se sent de moins en moins à l’aise avec cette idée de restituer une certaine réalité — voulue et conçue de toute pièce par certains médias. En s’éloignant de imagerie propre au photojournalisme « classique », Charles Thiefaine essaie de rendre compte et de capter des espaces de liberté, en photographiant des sujets, souvent jeunes et agissants.

Charles construit donc ses différents projets avec une approche documentaire, en passant du temps avec les personnes qu’il photographie. Il s’intéresse aux « choses ordinaires », au quotidien et assume sa présence en tant que photographe. Vivant aujourd’hui entre la France et le Moyen-Orient, le photographe continue de développer ses différentes séries au long cours, tels que Iraq - territory, Ala Allah, et plus récemment Marcher avec les dragons.

 
 
 
 
 
 
 
 

« Je me sentais de moins en moins à l’aise avec cette idée que le photographe s’efface complètement, comme s’il n’avait aucune influence sur le sujet qu’il traite et sur l’image qu’il crée. »

– Charles Thiefaine

 
 
Photos : Charles Thiefaine, Marcher avec les dragons, projet en cours
 
 

Dans ce podcast, Charles évoque notamment ses différentes références et inspirations, intéressantes et riches, et creuse la genèse de son parcours en tant que photographe. Il parle de l’importance qu’ont eus les bourses et les festivals ainsi que la conception de son premier livre. Charles Thiefaine s’arrête sur deux projets : Tahrir et Marcher avec les dragons, réalisé sur l’île de Socotra, qui est au coeur d’une guerre d’influence.

 
 
Photo : Charles Thiefaine, Tahrir, 2019
 
 

Son dernier projet, déployé pour la Bourse Ronan Guillou, intitulé L’île au trésor, s’attache à représenter l’île de Thau, quartier populaire du nord de Sète. En allant à la rencontre de ses habitant.e.s, Charles Thiefaine dresse un portrait de ce territoire cosmopolite. Deux séries aux frontières du documentaire et de l’abstraction, remplies de marées et de mirages.

 
 
Photos : Charles Thiefaine, Marcher avec les dragons, projet en cours
 

Partenaires :


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Crédits :

Un podcast réalisé, écrit et produit par Aliocha Boi/Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Party Escort Bot et son projet Bodycam.

Liens :

www.charlesthiefaine.com

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